Ayer (Val d’Anniviers, Valais, 4 janvier 2015, 16h25)
La patinoire partout. La patinoire sur cette route raide droite mal déneigée qui descend entre les Molok et les hôtel-restaurant Alpina fermés, hôtel-restaurant de la Poste à vendre, hôtel-restaurant de la Pointe rouge abandonné avec fauteuils sépias, tout autour en levant le nez la patinoire dans l’air contre les Pointes Blanche, Pics Marmotte, Col-de-Truc-Muche, Dent-de-Machin, Bec-de-Bidule, Praz-Chose, Haut-Machin, Bas-Machin, et patinoire encore tout au long de ce Val d’Anniviers rempli de neige fondue regelée sur les routes et les mégots de cigarette. La patinoire toujours, sur cette place de gravier défoncée où s’est tenu le Nouvel an d’Ayer, c’est l’affiche gelée déchirée aux treize étoiles du Valais qui le dit, par terre, prise dans la glace, c’était quelques jours plus tôt. La patinoire évidemment, devant ce container à verre qui déborde et devant lequel les bouteilles brillantes de Sirah, d’Haida, de Petite Arvinne, de Pinot Gris, de Pinot Rouge, de Pinot Blanc, de Gamet-Machin-Truc, de Gamaret-Machin-Chose, de Champagne bon marché, de bières aussi surtout de l’allemande verte, avec des étoiles de glace partout sur les goulots où les buveurs ont posé leurs lèvres en soufflant chaud et épicé. La patinoire sans doute, devant le vieux car postal Volvo abandonné ou juste parqué, plein de poussière gelée, difficile à épousseter avec les mains, moins jaune que gris, incrusté dans le paysage très peu coloré. La patinoire partout, sauf sur la patinoire officielle, officiellement abandonnée elle aussi, entourée d’une bande de bois peint en blanc sans publicité, de lampadaires haut dans le bleu de la nuit sans ampoule. La glace est craquelée, le béton apparaît partout, la grande vitre est castagnée, couverte de pives et de cailloux plus ou moins gris,fendillée, éclatée, et les grosse bottes Sorel que je porte adhérent parfaitement à toutes les anfractuosités.
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